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Uniforme de la Marine (partie I)

1804

ÉQUIPAGES DE LA MARINE

1804 – 1809

. Le 5 mai 1804 : Journal Militaire officiel.

Cet arrêté impose désormais un uniforme aux matelots servant sur les bâtiments de guerre. C’est un pas vers la militarisation des marins, bien difficile à faire appliquer selon les témoignages du temps. Les matelots d’alors ne possèdent qu’un trousseau d’effets plus ou moins réglementaire depuis 1801. Il déteste être assimilé à un soldat, même visuellement. Toutefois le système s’impose selon la volonté de l’Empereur. L’arrêté donne le détail des distinctions de spécialité et une description très succincte des vêtements qui se composent pour l’essentiel d’un paletot, d’un pantalon, tous deux de drap bleu, et d’un chapeau rond.

  • Le Chapeau :

Matelote

Le chapeau rond dit à la matelote, commun à de nombreuses marines du temps, remplace le tricorne ou le simple bonnet de laine. Il était déjà attribué en France, sous différente formes, aux Soldats - Matelots (1762-1763), les Canonniers - Matelots, puis chez les Elèves de la Marine (1786-1792). De forme tronconique à bords latéraux plus ou moins relevés, parfois brisé sur le devant pour former une sorte de pointe. Il est confectionné en feutre, recouvert par la suite de divers enduits pour le rendre plus rigide et imperméable, certains sont vernis. La cocarde nationale est fixée du côté gauche par une ganse boutonnée. Ils sont confectionnés parfois en cuir bouilli selon certains témoignages. En tenue de sortie, le chapeau est généralement porté très en avant et sur le côté sur le sourcil, pour se donner un aire « crâne », au même titre que les « loustics » des hussards.

  • Le Paletot :

Paletot

Le paletot est le vêtement habituel du marin. Déjà de coupe ancienne, il est taillé en habit-veste, mais sans basque ni revers, donc plus adapté aux manœuvres sur un navire. Il est en drap bleu foncé, doublé de toile blanche ou écrue, et se croise sur le devant par deux rangées de 9 gros boutons. Le collet est droit et les manches ont des petits parements (en botte) coupés pas dessous « dit aussi à la matelote » et fermés par deux petits bouton, parfois trois. La couleur du collet varie selon la spécialité.

  • La veste :

Gilet rouge

Il s’agit plutôt d’un gilet en drap rouge, parfois bleu, doublé de toile blanche ou écrue, dépourvu de manches, coupé rond et sans col, croisé ou non sur le devant d’une à deux rangées de 9 petits boutons.

En tenue de sortie, le paletot peut être ouvert et boutonné de chaque côté, soit croisé en partie, laissant paraître le gilet et la cravate noire flottante. Le col est rabattu sur lequel passe celui de la chemise la chemise blanche.

  • Le pantalon :

Conformément aux usages dans la marine, il est coupé très large dans du drap bleu, le bas du pantalon (de type patte d’éléphant) pouvant se relever sur les cuisses (donc en avoir la largeur) et dégager les genoux pour « briquet les ponts ». la braguette ou « brayette » étant fermée par un petit ou grand pont. Un pantalon de toile est souvent porté quotidiennement pour les travaux courants ou de fatigue à bord.

  • La ceinture d’étoffe:

Ceinture

Bien que jamais citée, cet élément de confort et d’usage permanent chez les hommes pratiquant des travaux de force, d’où sa présence sur presque tous les documents iconographiques de l’époque. Elle est généralement rouge porté indifféremment sur ou sous le gilet, voire sur le paletot.

  • Les boutons :

Le texte de 1804 indique qu’ils sont de deux genres, les petits et les gros, empreints de deux sabres croisés brochant sur l’ancre de marine. Seuls les premiers maîtres ont des boutons en laiton ou en cuivre, les autres sont en corne.

  • Distinction des grades et spécialités : (Arrêté du 5 mai 1804)

. Armes & équipements :

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Les buffleteries de la marine sont généralement en cuir noirci. A l’approche d’un combat rapproché ou d’un abordage, les matelots reçoivent des armes dit « de bord », donc attachés au navire, contrairement aux soldats des garnisons embarquées qui possèdent leur propre armement.

Le système des armes de bord comprend le fusil 1777 ou de l’an IX, à garnitures généralement en laiton et le tromblon. Le pistolet du modèle 1786 à crochet, le sabre d’abordage de l’an IX, dit « cuiller à pot », la ou (le) pique , et la hache d’abordage à pic et crochet. Le matelot dispose aussi d’un coutelas dit « Eustache » à lame tranchante et poignée en crosse toujours fixé à la ceinture. La grenade à main est aussi en usage chez les gabiers entre autres.

L’équipement se compose de ceinturons ou baudriers porte sabre, et de cartouchières à 20 charges portées à la ceinture ou en « sautoir ».

La répartitions des armes de bord se fait normalement par tiers, mais le plus souvent c’est un choix individuel selon la compétence et la pratique de chaque marin.

1808

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Uniforme des bataillons de la Marine Impériale :

Art. 7ème, titre II du décret du 1er avril 1808, au Palais de Saint Cloud :

Les maîtres, officiers-mariniers, matelots, apprentis marins et mousses, composant les bataillons de la marine impériale, seront pourvus d’effets d’habillement et d’équipement uniformes comme suit :

Art. 8ème : Détail de l’uniforme :

Le paletot sera de drap bleu doublé de blanc. Il croisera sur la poitrine, aura un collet droit montant et à la manche, un parement fendu attaché par 3 petits boutons.

Le gilet et le pantalon seront de drap bleu uni. Les boutons seront de cuivre, timbrés d’une ancre avec deux canons en sautoir, et auront pour légende le numéro et la désignation du bataillon.

Selon l’art. 11ème, Les Premiers et Seconds Maîtres porteront l’habit long à une rangée de 9 boutons. Ils pourront aussi porter la culotte au lieu du pantalon. Il leur sera fourni à chacun une redingote de drap bleu.

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Art. 9ème : Couleurs distinctives des bataillons:

Les bataillons de notre marine impériale seront distingués entre eux par la couleur différente des collets, parements, pattes d’épaulettes et pompons, ainsi que par le numéro du bouton. Ces distinctions sont différentes pour chaque bataillon.

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. Le 1er mai 1808 : Formation du 44ème Bataillon de Marine. (3E3 40)

. Circulaires, lettres et dépêches diverses relatives à l’uniforme :

. Le 12 juin 1808 : Dépêche relative aux uniformes des bataillons de la marine impériale (extrait & tableau) :

« Cette dépêche ne fixe que les couleurs distinctives accordées aux bataillons dont la création a été décidée en mars précédent. Elle permet cependant d’observer :

  • Que les dispositions arrêtées par le décret du 2 mars (article 9) ne sont pas respectées,

  • Que le nombre de bataillons initialement fixé à 50 devrait passer à 55 (dont 5 à Lisbonne qui ne verront jamais le jour) »

(Observation de CRC ( R ) M. S. LE COUSTOUR, port de Toulon)

Art. 10ème : Marques distinctives de grade :

« … Le grade et l’espèce de service ou profession de chaque marin de nos bataillons de la marine impériale continueront d’être désignés par les marques distinctives, conformément à notre décret du 15 floréal an XII » .

  • Premiers Maîtres :

Ils porteront, sur le collet et les parements de l’habit et de la redingote, 1 galon d’or de 15 lignes de large.

  • Seconds Maîtres :

Ils porteront un galon d’or de 15 lignes de large, sur le collet.

  • Contre-Maîtres :

Ils porteront un galon d’or de 8 lignes de large sur le collet.

. Décision du ministre de la marine en date du 29 juin 1808 :

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« Les maîtres de toutes professions auront le galon d’or comme il est dit à l’article 11 du décret du 1er avril.

  • Second maître et aides Idem

  • Contre maître Idem

  • La Manœuvre n’aura d’autre décoration que le galon.

  • Le Canonnage aura un canon brodé sur la manche du côté gauche

  • La Timonerie, une étoile

  • Le Charpentage, une hache

  • Le Voilier, un trapèze représentant une voile d’étay (Sic)

  • L’Armurier, dans le bataillon qui en comporte un, un trèfle au collet (sic) de la couleur du liseré, loin d’un pouce seulement de chaque côté du collet.

On enverra incessamment dans les ports les modèles de ces différentes distinctions. »

Signé COMBIS

(Document du Port de Toulon de M. CRC ( R ) LE COUSTOUR)

. Concernant le Voilier, dans la lettre ci-dessus, il est indiqué que la broderie de bras représente une voile en forme de trapèze, d’autres documents indiquent qu’il s’agit d’un triangle représentant un foc. Un assortiment complet de ses broderies fut présenté et exécuté par le Sieur VIAL, brodeur, rue Saint-Honoré, n°147 à Paris.

  • Le canon brodé en or : 2 francs. … En laine : 0,35.

  • Le foc brodé en or : 1,25 francs. …. En laine : 0,35.

  • La hache brodée en or : 1,25 francs. ... En laine : 0,30.

  • L’étoile brodé en or : 1,10 francs. .… En laine : 0,30.

Art. 12ème : Armement :

« L’armement, des officiers mariniers et marins de toute classe de nos bataillons, sera composé d’un fusil avec sa baïonnette. Giberne et banderole de buffleterie blanche. Le sabre ne sera porté que par les maîtres et officiers mariniers ».

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Uniformes, rappel :

Début 1808, le Général de Brigade COMBIS, provenant du Corps du Génie, est détaché auprès du Ministre de la Marine Denis DECRES (ou Duc de CRES, 1761-1821) afin de l’aider à réorganiser les unités de la marine. Connaissant mal les us et coutumes du Grand Corps, il propose diverses mesures dont le port d’un uniforme particulier aux équipages de marine, se rapprochant de celui de l’armée. (Lettre du 15 avril 1808 au Général COMBIS)

Si les matelots en général conservent le paletot et l’ample pantalon, le Général COMBIS, suivant les instructions de l’Empereur - qui souhaite assimiler chaque bataillon à un vaisseau de ligne ou deux frégates - attribue une couleur distinctive à chaque équipage. Ces couleurs se trouvant principalement sur le collet, parements et pattes d’épaule. Il impose également aux marins, le port du shako d’infanterie (modèle 1806). Cette mesure semble mal acceptée, car cette coiffure est, dit-on : « trop encombrante à bord » en raison du peu d’espace dans les entre-ponts (entre 1,75 m sur une frégate et environ 2,00 m sur un vaisseau), et n’est même pas envisageable à porter sur les vergues. D’autre part, il paraît que les marins ne veulent pas ressembler à des fantassins. De toute façon, et ce n’est là que du bon sens, quelque soit l’uniforme prescrit, les matelots à bord, autre que les officiers et officiers mariniers de service, sont, la plupart du temps, en chemise ou torse nu et marchent pieds nus durant leur quart. Le paletot n’est, en général, porté que par mauvais temps, à terre ou à certaines occasions (visite, revue etc.) et le shako est donc exclu dans les manœuvres en mer.

Description de l’uniforme :

  • Habit ou paletot bleu, collet, parements, pattes d’épaulettes et pompon de couleur différentes selon la compagnie.

  • Pantalon de drap bleu.

  • Shako, plaque de cuivre en losange avec une ancre ajourée ou en relief.

  • Giberne.

  • Banderole et bretelle de fusil en cuir blanc.

  • Guêtres grises,

  • Fusil avec baïonnette.

De nombreuses illustrations font apparaître des pattes de parement à trois boutons, aux bas des manches du paletot. Or, le règlement ne l’indique pas et stipule simplement, parement fermant en dessous par trois boutons.

Les boutons, en cuivre jaune, sont timbrés d’une ancre avec 2 canons en sautoir et ont pour légende le numéro et la désignation du bataillon. ( Références : Fallous)

différents boutons

Boutons de fouille :

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. Le 15 juin 1808 : Le général COMBIS écrit aux préfets maritimes que « les marins provenant de l’inscription maritime ne doivent point être réunis en compagnies, ni assujettis aux dispositions relatives à l’habillement et à l’équipement (…) des bataillons. » Si bien qu’une grande partie de l’équipage des bâtiments de guerre, ou bien n’a pas d’uniforme, ou bien, ce qui est le plus vraisemblable, conserve celui de l’an XII avec ses boutons

Tableau des couleurs distinctives des bataillons de la marine impériale le 12 juin 1808:

« Les agents comptables quartiers – maîtres conserveront leur uniforme actuel avec collet, parement et passepoil du bataillon. »

Signé COMBIS.

Nota : Les bataillons N°9, 10, 14, 17, 18, 22, 23, 24, 25, 26, 27, 28, 29, 31, 32, 33, 46, 47, 48, 49, et 50 ne sont pas encore organisés le 12 juin 1808.

Les marques distinctives pour les états-majors et les compagnies de chaque bataillon :

  • Etat-Major : Pompon ou macaron Blanc.

  • 1ère Compagnie : Pompon Rouge.

  • 2ème Compagnie : pompon Bleu.

  • 3ème Compagnie : Pompon Vert.

  • 4ème Compagnie : pompon Jaune.

Dépêche du 17 août 1808 de Paris :

« J’ai l’honneur de vous prévenir, Monsieur le général, que l’intention de Son Excellence est que l’uniforme du 22ème bataillon soit distingué des autres pour les parements et pattes d’épaulettes vertes et les liserés violets. Je vous prie de transmettre cette décision à monsieur le commandant du 22ème bataillon et d’intercaler dans le tableau que je vous ai adressé, ayant pour titre : Uniforme des bataillons, le 22ème entre le 21ème et le 30ème et de porter dans la colonne couleur du liseré ou passepoil le mot violet, entre le mot rose qui appartient au 21ème et le mot blanc qui appartient au 30ème. »

Signé: Le général chargé de l'organisation des bataillons de marine Combis

Document de M. CRC ( R ) LE COUSTOUR, Archive du port de Toulon

Extrait du décret du 1er avril 1808, relatif à l’administration des bataillons de Marine Impériale, et à l’habillement des marins (Rappel) :

(Lettre datée du 20 février 1809) (SHM 2E1 76, p.53)

  • La masse de linge comprend :

  • 2 chemises

  • 2 paires de souliers

  • 1 col noir

  • 1 paire de bas

  • 1 paire de guêtres

  • 1 sac de peau

  • Peignes, brosses et épinglette.

1809

Circulaire du ministre de la marine DECRES le 24 juillet 1809.

« Monsieur, je vous ai fait connaître par ma dépêche du 2 juin 1808, les couleurs des liserés, collets et parements affectés à chacun des bataillons de la marine impériale organisés à cette époque. La formation de quatre nouveaux bataillons ayant été ordonnée, je vous adresse l’état indiquant les couleurs distinctives de chacun d’eux. Vous voudrez bien en informer qui doivent en connaître. »

Signé : DECRES

Uniforme des 4 nouveaux bataillons de marine impériale, formés en 1809 :

(Archive du Port de Toulon. 1 E2 18. M. CRC (R) LE COUSTOUR)

Tenue portée en 1809, d’après CARL : (Peut-être pour les officiers mariniers)

  • Habit-veste de drap bleu national à basques longues (revers de basques agrafés ou cousus), Revers en pointe de type chasseurs en drap bleu, le tout passepoilé de rouge. Parements de manche en pointe de drap rouge. Collet droit agrafé de drap bleu passepoilé de rouge.

  • Épaulettes : Corps bleu, tournante jaune et rouge, franges bleues.

  • Pantalon ample de drap bleu, liseré de rouge sur les côtés.

  • Gilet de drap rouge à 2 rangées de 9 petits boutons d’uniforme.

  • Guêtres noires.

  • Shako, jugulaires à écailles de laiton, rosaces timbrées d’une ancre ou d’une grenade. Jonc de visière en laiton. Plaque en losange, estampée d’une ancre. Cordon rouge à raquettes. Cocarde tricolore, tenue par une ganse dorée et fixée par un petit bouton. Pompon rouge.

  • Buffleterie blanche.

  • Sabre biquet à dragonne rouge.

  • Giberne de cuir noir.

(Sources : collection CARL, Musée historique de Strasbourg, 1ère partie, planche 9)

/!\ Les images ne sont pas libres de droits!

Pour en savoir plus, direction "les corps militaire"

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